Pour le bien etre de nous tous,

Trans Komrads,
Lets go deprimer,
Mais c’est pour etre “armé”

o7

  • TGhost [She/Her]@lemmy.ml
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    8 months ago

    https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/090324/transactivisme-la-fabrique-d-une-minorite-totalitaire

    « Transactivisme » - La fabrique d’une minorité totalitaire

    « Le “transactivisme”, entité sans nom, sans visage, sans forme, est dépeint comme l’émanation ectoplasmique d’une communauté agissant dans l’ombre, infiltrée partout… » Dans le contexte d’une campagne de désinformation et de dénigrement aux relents complotistes dirigée contre la minorité trans, un très large ensemble de chercheur·ses et intellectuel·les alerte sur l’offensive transphobe en cours. L’Université doit « défendre la liberté d’expression de tous, dans le cadre défini par la loi, qui en exclut l’expression de la transphobie. »

    « Là où l’on brûle des livres, on finit par brûler des hommes ». Ces mots du XIXe siècle résonnent à travers l’histoire et convoquent nos mémoires séculaires, des Corans enflammés par les catholiques sur le marché de Grenade, aux ouvrages d’intellectuels juifs brûlés par les nazis devant l’Opéra de Berlin.

    De celles et ceux qui aujourd’hui, évoquent le passé des flammes de la haine, pour conjurer leurs contemporains de s’opposer avec ardeur au “transactivisme”, combien sont ils à savoir que la brûlure nazie s’est déchaînée en premier sur l’Institut de Sexologie de Magnus Hirschfeld, et ses dizaines de milliers de livres, autant d’ouvrages en faveur du respect, de la reconnaissance et de la libération des homosexuels, bisexuels, des personnes trans et intersexes ? Qui se souvient de Dora Richter, première femme trans à bénéficier de soins d’affirmation de genre, disparue dans le raid de l’Institut le 6 mai 1933 ?

    Quelle agitation collective se saisit d’effroi, en 2024, d’une parole unique, isolée, malheureuse et désolante, alors que le monde entier sombre dans une panique morale destructrice contre toutes les populations LGBTI ? Qui ne se livre pas à l’angoisse en voyant des livres d’auteurs LGBTI brûlés au lance-flamme lors d’une campagne électorale américaine, où 2571 livres - essentiellement d’auteurs LGBTI - ont été livrés à la censure en un an ? Où sont les tribunes de centaines de signataires pour s’époumoner de terreur quand l’ensemble de la communauté LGBTI de Russie est condamnée pour “extrémisme” et commence à faire l’objet de raids policiers incessants ? Qui suffoque de malaise à l’écoute de la parole d’une personne trans, mais n’a rien à dire aux dizaines de pays qui criminalisent l’existence des personnes trans ?

    La minorité transgenre, constituée de moins de 0.5% de la population générale selon les recensements, serait sur le point de faire vaciller la liberté d’expression en France. Comment ? Par une “rhétorique radicale, intimidante, menaçante”, les “transactivistes” “s’infiltrent”, “traquent” leurs “opposants”, recourent à la “violence”, et déploient une “mentalité totalitaire”. Quels seraient les objectifs de cette nouvelle cabale ? Faire taire tout “débat de société” sur le grand “projet de remplacement” que voudrait cette minorité : substituer un fait “il y a deux sexes” par une norme “on peut changer de sexe à volonté”.

    Au-delà des relents complotistes de la forme, fantasmatique, sans substantiation aucune, et dirigée tout droit contre une minorité, il convient de s’attarder sur le fond. La liberté de s’exprimer sur les personnes trans n’est pas en péril en France, loin de là : une étude a décompté l’intégralité des couvertures du sujet dans 21 médias sur 4 mois : près de 434 articles sont concernés ; parmi eux 61% des tribunes et 91% des chroniques étaient “catalyseuses de transphobie”.

    À l’université non plus, on ne se prive pas de parler des personnes trans : les médecins y apprennent que les transidentités sont le symptôme d’une maladie mentale dont il faut prévenir le risque de survenue en particulier chez l’enfant et l’adolescent. Des étudiants sont embrigadés par leur enseignant pour tenter de prouver que les réseaux sociaux sont la cause de la transidentité en n’interrogeant que des personnes qui en sont convaincues. Le “fait” qu’il n’y a que deux sexes y est toujours bien défendu : les chirurgiens apprennent les nombreux gestes tranchants dans les génitaux des nourrissons et enfants intersexes pour en “faire” des “garçons” ou des “filles” ; les psychologues y apprennent à mentir à ces enfants, traumatisés par les mutilations et le secret, pour qu’ils n’aient jamais conscience de leur différence.

    Le “transactivisme”, entité sans nom, sans visage, sans forme, est dépeint comme l’émanation ectoplasmique d’une communauté agissant dans l’ombre, infiltrée partout, tirant les ficelles de la lutte contre les discriminations pour imposer dans le monde son règne. Les militants trans existent bien, discutent et théorisent, sur le sexe, le genre, et les sexualités. Mais comme partout, ils sont rarement d’accord, pas même sur la définition de ce qu’est une personne trans. Pour beaucoup cependant : sous le régime patriarcal, pas plus qu’on ne choisit son orientation sexuelle, on ne choisit son sexe. Hors du patriarcat, nul ne doit se les voir imposer contre leur volonté. Et oui, la lutte contre les discriminations LGBTI à l’université doit se poursuivre et s’intensifier.

    Il le faut, parce que dans l’enseignement français, un quart des élèves et étudiants trans y sont discriminés, que trois-quarts d’entre eux y subissent des commentaires ou conduites hostiles, que la moitié d’entre eux y sont ridiculisés, insultés ou menacés, que les deux-tiers d’entre eux n’ont rarement ou jamais été protégés dans leurs droits, et que malgré ce contexte toxique, où les jeunes trans ont des risques suicidaires 600% plus importants que les jeunes non-trans, 80% des établissements scolaires n’abordent jamais les sujets LGBTI. Dans une étude sur plus de 92.000 personnes trans, 94% de celles qui entament une transition de genre sont plus satisfaites de leur vie depuis qu’elles transitionnent.

    Mais ces preuves, irréfutables, ne sont jamais entendues par les législateurs radicalisés par les discours complotistes, les interprétations pseudoscientifiques d’études non valides, et la marginalisation des spécialistes du sujet : plus de 20 États américains interdisent l’accès aux soins aux jeunes et criminalisent leurs soignants, 4 États ont légalisé l’enlèvement d’enfants dont les parents soutiennent leur transidentité.

    Face à la montée globale des haines, face aux ingérences étrangères déstabilisant les politiques de défense des droits des LGBTI, l’université française ne doit pas céder à la tentation du populisme en se faisant la censeuse des paroles minoritaires. Elle doit au contraire défendre la liberté d’expression de tous, dans le cadre défini par la loi, qui en exclut l’expression de la transphobie.