Il y a un an, l’assassinat de Jina Mahsa Amini par la police de la République islamique d’Iran déclenchait un vaste soulèvement populaire, brutalement réprimé. Anthropologue et chercheure au CNRS, Chowra Makaremi revient sur ces événements dans son livre paru aux éditions La Découverte : le titre, Femme ! Vie ! Liberté !, reprend le slogan scandé dans les rues dès le début du mouvement. Marquée par son histoire familiale de lutte contre le régime théocratique, elle livre ici un journal. S’appuyant sur les événements quotidiens, elle les replace dans leur contexte historique et social, et retrace les pratiques répressives du régime, qui, dès sa fondation en 1979, s’enracine dans le sang des véritables révolutionnaires, iraniens comme kurdes. Et kurde, Jina Mahsa Amini l’était. Son accent et sa démarche trahissaient ses origines, son voile n’était pas porté comme il se doit. En France, les mobilisations de soutien se sont propagées. Mais les récupérations racistes et sexistes n’ont pas manqué. Chowra Makaremi remet les choses au clair. Les Iraniennes ne se battent pas contre le port du voile mais contre son obligation, et, surtout, pour la chute de la dictature. Nous en publions un extrait
Je me demandais : La question du voile est-elle la même ici qu’en Iran ? Ou d’ailleurs dans tout pays a majorité musulmane (et sans doute un peu rigoriste)
Est-ce qu’il a la même signification dans deux sociétés qui n’ont pas le même regard dessus et ne signale donc pas la même chose (un islam fort chez eux et peut être simplement l’islam ici ?) Et donc son traitement devrait être différent ?
La question du voile est-elle la même ici qu’en Iran ?
Évidemment que non, l’extrait partagé le montre bien mais je suppose qu’en lisant le bouquin tu auras peut être une réponse plus détaillée. Là-bas comme ici d’ailleurs, j’ai l’impression qu’il y a pas une question du voile mais des questions en fonction de qui les posent. En France, elles sont surtout poser par des [edit]non musulmans de tout bord, et assez peu par les premières concernés : les femmes française (ou résidentes en France) musulmanes qui ne sont évidemment pas un groupe homogène.
En Iran et dans d’autres pays, le voile est le symbole d’un pouvoir religieux étatique (comme expliqué dans l’extrait) et parfois utilisé comme un symbole contre un pouvoir religieux qui veut concurrencer le pouvoir étatique comme en Égypte récemment avec le niqab. Égypte. Fin du niqab à l’école : le général al-Sissi durcit sa ligne face aux Frères musulmans
Discrimination liée au voile islamique en Égypte : des femmes portant le hijab victimes de préjugés
Que ce soit ici ou “là-bas” le point commun sur ces questions me semble être le fait qu’on impose; parle à la place et pour les femmes concernées sans vraiment le donner la parole…
Ca me semble quand même être une question ou le religieux et le politique se mélangent et qu’en fonction du moment un aspect modifie le sens de l’autre pour servir son récit en rapportant souvent des faits divers…
C’est assez dure de trouver des sources en français qui traite ce sujet à l’international (et encore plus au national) qui n’ont pas de gros biais qu’importe le sens.
DU NOUVEAU CHEZ DIEU. En Indonésie, le voile se porte au pluriel, 2003
L’Indonésie interdit le hidjab obligatoire dans les écoles
Le port du jilbab en Indonésie : entre religion et politique
Indonésie : Une école rase la tête d’élèves accusées de mal porter le voile
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Hijab as a Muslim Attire and a Fashion Trend in Bangladesh
Hijab popularity budding among educated women in Bangladesh
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Algérie: des femmes en campagne contre le port du voile
En Algérie, des femmes souhaitent un retour au voile de leurs ancêtres
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https://www.slate.fr/story/199275/islam-haik-musulmane-voile-visage-guerre-algerie-colonial (pour une réflexion plus large que celle centrée autour de l’actualité)
Bon ben je sais quoi lire sur le chemin du retour ! Merci pour une réponse ultra détaillée !
J’ai pas lu, mais je trouve toujours un peu pénible ces expertes qui trouvent une faute chez les autres (“la question n’est pas le voile”) et qui présentent ensuite ce qu’elles connaissent. Pareil chez les experts évidemment. C’est une système employé partout (“vous avez tord, donc j’ai raison”), et qui, apparemment, apporte plus d’audience, puisqu’on se place d’emblée dans le camp de qui a raison, opposé à qui se trompe. C’est vraiment dommage, perso ça me fatigue, tant pis pour ce que son travail pourrait “remettre au clair”, comme vous dites.